jeudi 31 mars 2011

Messerschmidt

Jusqu'au 25 Avril 2011 le musée du Louvre expose les incroyables têtes du sculpteur Franz Xaver Messerschmidt. La presse pour parler de son travail se réfère beaucoup à sa folie et les termes faciles volent :
fou tordu, fol halluciné, hypernarcissique, grand parano, schizo etc... Nous disposons aujourd'hui de toute une batterie de termes à la fois précis et flous, un peu attirants et tapageurs aussi puisque la folie est devenue un argument de vente, une sorte de diplôme d'authenticité artistique: regardez! il est fou, il est sincère! Pensez à Van Gogh et à sa fameuse oreille! Notre gout pour le sensationnel ne se dément pas et les troubles de la raison nous fascinent et nous révulsent tout autant. Pourtant, il me parait dommage de regarder le travail de Messerschmidt sous cet angle exclusif et de se laisser happer par son histoire plutôt que par les œuvres elles même. Ce qui me frappe le plus dans ces multiples têtes de très belle facture aux expressions exagérées c'est justement la représentation de sentiments généralement évacués de la sculpture de cette époque (1770) alors très vouée au solennel, à la représentation flatteuse, à une mise en valeur des qualités morales du modèle, tout ce que ce sculpteur plus qu'habile faisait parfaitement. En a t'-il eut assez de la componction et de devoir se cantonner à quelques expressions convenues? Poussé donc par sa folie (dans quelles proportions?) et par une personnalité de physionomiste hors norme, livré à lui même puisque licencié et donc libre artistiquement, il produit un art inouï, encore jamais vu: des rictus, une expressivité paroxystique mais si classique, si maitrisée, parfaite et élégante! Les visages semblent en surtension,les plis et l'écrasement des chairs font émerger des émotions qui semblent se révéler et se refuser en même temps. Ainsi" l'homme sombre et sinistre" n' est qu'obturation de la zone des sens, lèvres closes,yeux fermés, narines pincées..."l'odeur la plus violente" ressemble à un baiser qui se refuse finalement; les visages sont généralement saisis en pleine contrainte -et non détendus et confiants comme le voulaient les canons de l'époque- affleurent alors le doute, le refus, la contestation rentrée, la réprobation franche, le rire, l'interrogation... toute choses que la photographie saisit très bien désormais mais qu'aucun sculpteur jusque là n'avait si magistralement exposé. Le choc de l'art de Messerschmidt repose sur la mise en évidence des tiraillements dus aux émotions et de la poussée des sensations internes affleurant sur les visages par des contractions qui ne troublent pas l'équilibre fabuleux et l'élégance magistrale du travail de sculpture.Chose d'autant plus étonnante chez un esprit ravagé par de persistantes visions! Qui peut se targuer de négocier avec ses hantises, démons et angoisses avec autant de talent et de panache que ce sculpteur solitaire et impressionnant? Il semble avoir payé sa merveilleuse précision et son acuité au prix fort, mais en oubliant les poses flatteuses et compassées Messerschmidt accède à la vie qui bouillonne sous la peau, sans artifice.N'est ce pas le sens d'une œuvre d'art de nous ramener à la vie? A mon sens, l'art nous permet d'éprouver des émotions, de penser des pensées que nous ne pouvons ou ne savons pas exprimer.
L'art est un peu un permis de sentir et de sentir avec vivacité, en toute largesse et dans le plein épanouissement de nos sens retrouvés.

dimanche 13 mars 2011

lazy blog

Femme sur canapé; ne pas croire qu'une femme sur canapé ne fait rien même si elle en donne furieusement l'impression car en fait elle rêve , imagine, tire des plans sur la comète; elle réfléchit aussi, tergiverse, compare,évalue...tous ces verbes les uns à la suite des autres démontrent bien l'existence d'une activité, quelque peu larvée certes mais réelle tout de même; tout ça pour dire que comme cette gentille drôlesse sur canapé, je rassemble mes forces vives, j'accumule les idées avant de me lancer dans quelques commentaires de mon cru sur la vie en général et l'exposition de Messerchmidt (au Louvre) en particulier.Qui sera donc mon prochain blablog.

jeudi 10 mars 2011

la journée de la femme

C'était la journée de la femme en ce début de semaine; voici, un peu décalé, mon commentaire sur tout ce qui incombe au "doux sexe", ce dessin faisant indubitablement partie de ma veine satirico-critique.

mardi 1 mars 2011

Lecture

"Chateau de sable" chez Atrabile, dans la collection Bile Blanche, de Peeters et Levy
Dès la couverture, on comprend que le titre prometteur de joies simples et vacancières, sera trahit par le récit. Le ciel en bas, la mer en haut et ce corps flottant étrangement sous la voute du bord du livre...l'ordre des choses est dors et déjà bouleversé. Ce que le récit ne fera que confirmer avec efficacité dans le scénario et élégance dans le dessin ( et inversement) Au départ, il y a le cadavre d'une femme et l'on croit s'orienter vers un récit policier et puis tout bifurque et s'organise curieusement vers un fantastique raffiné; la plage n'est plus ce lieu de loisirs et d'insouciance que chacun connait, elle devient un théâtre , un lieu de confrontation des êtres; une fois sur la plage, plus personne ne peut s'en échapper, une sorte de mur invisible empêche que l'on quitte ces lieux  où le temps s'est déréglé; la plage est un piège se refermant sur d'innocents vacanciers. Le mystère s'épaissit, l'intérêt ne faiblit pas grâce à la précision du découpage, à la justesse des cadrages et au jeu des corps et des caractères. Chacun voudrait poursuivre sa journée tranquillement, oublier ce lieu comme on oublie un rêve inopportun mais il faudra bien affronter l'inéluctable. En total contre pied avec les ambiances sombres généralement employées dans les récits fantastiques, Peeters et Levy signent ici un drame étrange, métaphysique et solaire.