mercredi 21 décembre 2011

enfermé au coeur du livre

Souvenir de récit:
Dans ce livre plusieurs récits se succèdent et s'imbriquent les uns dans les autres. L'ensemble forme une architecture mystérieuse parcourue par des humains étrangers les uns aux autres. Dans un des récits, un homme s'enferme par inadvertance dans un lieu secret, souterrain et trop bien caché; l'homme n'a prévenu personne de son départ et de son intention de se rendre dans cet inaccessible sous sol. La vie des autres personnages continue à se développer mais l'homme demeure enfermé; on se prend à espérer que quelqu'un viendra au secours de l'homme enfermé mais c'est impossible puisque personne ne sait qu'il est là. A aucun moment il n'est apporté de solution au cas douloureux du prisonnier. La vie des autres continue toujours dans le livre et la certitude que l'homme est condamné à une terrible mort loin de tout et de tous, sans le moindre soutien, habite peu à peu le lecteur. La présence de l'homme prisonnier au cœur du livre donne une perspective particulière à tout ce qui y est raconté. Le cas sans solution du prisonnier est comme une épine plantée au centre de l'esprit du lecteur. Sa conscience se scinde: d'un coté l'horreur de savoir l'homme condamné et de l'autre le défilement du récit. La conscience humaine ressemble à cela: d'un coté, une perception aiguë de l'horreur se déroulant quelque part dans le monde, de la finitude et de l'autre la conscience utile du flux quotidien, qui nous porte et nous maintient ici et maintenant.

dimanche 27 novembre 2011

mardi 22 novembre 2011

Patti Smith, femme sioux

Le souvenir du concert auquel j'ai assisté hier soir à l'Olympia m'a porté toute la journée et si ça se trouve ses effets positifs vont se prolonger au delà... Patti Smith donc, grande prêtresse rock'n roll était à l'heure et en forme et semblait porter ses quelques 65 balais comme qui rigole, comme pour nous dire: et ouais les p'tits gars, le rock ça conserve! Elle a balancé une énergie de folie sur la scène et ses alentours, magnifique, sans attirail ni artifices( trop souvent chers aux rockers); juste elle et ses excellents musiciens; elle et son visage de femme sioux, ses incantations rappeuses, sa voix puissante, ses envolées qui viennent direct se loger en vous, une force de paysage, de roc,d'herbe et de ciel; une incandescence, un feu intact! De la pure beauté, de la pure joie, du pur rock'n roll!
Je me souviens j'avais 16 ans environ, et c'est la photo de la pochette d'Easter qui m'a accrochée; c'était qui cette fille sans apprêt, avec ses poils sous les bras, qui n' a pas l'air de poser, mais qu'on croirait saisie il y a une minute à peine, pendant qu'elle ramenait ses cheveux emmêlés, concentrée, attentive à elle même?
J'aimais bien la "non pause", entre innocence et dandysme;  c'est par l'image que je suis allée à la voix.
Et c'était quoi cette voix qui chantait si âprement, si vigoureusement, de cette manière qui n'était pas encore à la mode? Je n'avais encore jamais vu ni entendu de femme qui s'approprie si entièrement une force qu'on qualifie ordinairement de masculine; je n'avais jamais vu de femmes dont les cris soient beaux à frémir, je n'avais jamais vu de femme-sioux et citadine comme elle et bien que j'ai aimé son chant, c'est seulement hier que je l'ai vue en concert pour la première fois, plus de trente ans après le premier choc; et la force de l'appel étaient intacte. Je n'avais pas d'age hier quand je l'écoutais et elle, vitale et somptueuse n'en avait pas non plus.

vendredi 7 octobre 2011

Les tripes à l'air

Sur le petite table recouverte d'une nappe en plastique bleu piscine, bariolée de grosses fleurs rouges blanches et jaunes donnant à l'ensemble un air pseudo hawaïen, il y a un pot à café, un journal dont la couverture est cachée par un livre de poche à la couverture ornée du profil si reconnaissable de Kiki de Montparnasse, un cuit vapeur métallique plein de trous, un petit bol en verre, un bouchon de bouteille en plastique rouge, un demi crayon bleu,des fragments de coquillages roses et de minuscules galets gris et mauves ramassés sur la grande plage de Saint Jean, un CD orné d'une bouche pulpeuse, du courrier jeté en vrac, un pot de sucre, un couvercle de casserole blanc dont l'anse est écaillée, une pile de journaux et de livres, une bouteille bleue d'eau gazeuse, un mouchoir en papier froissé, un biscuit sous enveloppe de plastique brillant, un papier de bonbon violet, un paquet de pailles multicolores, un petit bol de bois clair rempli d'olives vertes et une canette de bière de la marque Desperados.
C'est le bazar. Mais tout cohabite sans trop protester jusqu'à présent. Et tout l'appartement ressemble à cette petit table!!! Des piles de livres s'accumulent dans le salon; boites, coussins et sacs s'amoncellent.Le canapé ressemble à une île de répit au milieu d'une mer de désordre. Pourtant ce n'est pas un déménagement mais juste un réaménagement, suffisant pourtant pour provoquer ce raz de marée d'objets sortis de leurs habituels placards, jetés où l'on peut, en pleine cacophonie. Un réaménagement donc, lié à la nécessité de pousser, tirer, déblayer, arranger autrement, défaire et reconstruire ce qui était là, paisible et pesant.
Une sensation curieuse dans ce foutoir: celle d'être comme l'appartement, les tripes à l'air, sans dessus dessous, toute l'intimité exposée-presque explosée ! La sensation d'être en friche, en attente d'une nouvelle organisation pour un nouveau départ.

jeudi 31 mars 2011

Messerschmidt

Jusqu'au 25 Avril 2011 le musée du Louvre expose les incroyables têtes du sculpteur Franz Xaver Messerschmidt. La presse pour parler de son travail se réfère beaucoup à sa folie et les termes faciles volent :
fou tordu, fol halluciné, hypernarcissique, grand parano, schizo etc... Nous disposons aujourd'hui de toute une batterie de termes à la fois précis et flous, un peu attirants et tapageurs aussi puisque la folie est devenue un argument de vente, une sorte de diplôme d'authenticité artistique: regardez! il est fou, il est sincère! Pensez à Van Gogh et à sa fameuse oreille! Notre gout pour le sensationnel ne se dément pas et les troubles de la raison nous fascinent et nous révulsent tout autant. Pourtant, il me parait dommage de regarder le travail de Messerschmidt sous cet angle exclusif et de se laisser happer par son histoire plutôt que par les œuvres elles même. Ce qui me frappe le plus dans ces multiples têtes de très belle facture aux expressions exagérées c'est justement la représentation de sentiments généralement évacués de la sculpture de cette époque (1770) alors très vouée au solennel, à la représentation flatteuse, à une mise en valeur des qualités morales du modèle, tout ce que ce sculpteur plus qu'habile faisait parfaitement. En a t'-il eut assez de la componction et de devoir se cantonner à quelques expressions convenues? Poussé donc par sa folie (dans quelles proportions?) et par une personnalité de physionomiste hors norme, livré à lui même puisque licencié et donc libre artistiquement, il produit un art inouï, encore jamais vu: des rictus, une expressivité paroxystique mais si classique, si maitrisée, parfaite et élégante! Les visages semblent en surtension,les plis et l'écrasement des chairs font émerger des émotions qui semblent se révéler et se refuser en même temps. Ainsi" l'homme sombre et sinistre" n' est qu'obturation de la zone des sens, lèvres closes,yeux fermés, narines pincées..."l'odeur la plus violente" ressemble à un baiser qui se refuse finalement; les visages sont généralement saisis en pleine contrainte -et non détendus et confiants comme le voulaient les canons de l'époque- affleurent alors le doute, le refus, la contestation rentrée, la réprobation franche, le rire, l'interrogation... toute choses que la photographie saisit très bien désormais mais qu'aucun sculpteur jusque là n'avait si magistralement exposé. Le choc de l'art de Messerschmidt repose sur la mise en évidence des tiraillements dus aux émotions et de la poussée des sensations internes affleurant sur les visages par des contractions qui ne troublent pas l'équilibre fabuleux et l'élégance magistrale du travail de sculpture.Chose d'autant plus étonnante chez un esprit ravagé par de persistantes visions! Qui peut se targuer de négocier avec ses hantises, démons et angoisses avec autant de talent et de panache que ce sculpteur solitaire et impressionnant? Il semble avoir payé sa merveilleuse précision et son acuité au prix fort, mais en oubliant les poses flatteuses et compassées Messerschmidt accède à la vie qui bouillonne sous la peau, sans artifice.N'est ce pas le sens d'une œuvre d'art de nous ramener à la vie? A mon sens, l'art nous permet d'éprouver des émotions, de penser des pensées que nous ne pouvons ou ne savons pas exprimer.
L'art est un peu un permis de sentir et de sentir avec vivacité, en toute largesse et dans le plein épanouissement de nos sens retrouvés.

dimanche 13 mars 2011

lazy blog

Femme sur canapé; ne pas croire qu'une femme sur canapé ne fait rien même si elle en donne furieusement l'impression car en fait elle rêve , imagine, tire des plans sur la comète; elle réfléchit aussi, tergiverse, compare,évalue...tous ces verbes les uns à la suite des autres démontrent bien l'existence d'une activité, quelque peu larvée certes mais réelle tout de même; tout ça pour dire que comme cette gentille drôlesse sur canapé, je rassemble mes forces vives, j'accumule les idées avant de me lancer dans quelques commentaires de mon cru sur la vie en général et l'exposition de Messerchmidt (au Louvre) en particulier.Qui sera donc mon prochain blablog.

jeudi 10 mars 2011

la journée de la femme

C'était la journée de la femme en ce début de semaine; voici, un peu décalé, mon commentaire sur tout ce qui incombe au "doux sexe", ce dessin faisant indubitablement partie de ma veine satirico-critique.

mardi 1 mars 2011

Lecture

"Chateau de sable" chez Atrabile, dans la collection Bile Blanche, de Peeters et Levy
Dès la couverture, on comprend que le titre prometteur de joies simples et vacancières, sera trahit par le récit. Le ciel en bas, la mer en haut et ce corps flottant étrangement sous la voute du bord du livre...l'ordre des choses est dors et déjà bouleversé. Ce que le récit ne fera que confirmer avec efficacité dans le scénario et élégance dans le dessin ( et inversement) Au départ, il y a le cadavre d'une femme et l'on croit s'orienter vers un récit policier et puis tout bifurque et s'organise curieusement vers un fantastique raffiné; la plage n'est plus ce lieu de loisirs et d'insouciance que chacun connait, elle devient un théâtre , un lieu de confrontation des êtres; une fois sur la plage, plus personne ne peut s'en échapper, une sorte de mur invisible empêche que l'on quitte ces lieux  où le temps s'est déréglé; la plage est un piège se refermant sur d'innocents vacanciers. Le mystère s'épaissit, l'intérêt ne faiblit pas grâce à la précision du découpage, à la justesse des cadrages et au jeu des corps et des caractères. Chacun voudrait poursuivre sa journée tranquillement, oublier ce lieu comme on oublie un rêve inopportun mais il faudra bien affronter l'inéluctable. En total contre pied avec les ambiances sombres généralement employées dans les récits fantastiques, Peeters et Levy signent ici un drame étrange, métaphysique et solaire.

lundi 17 janvier 2011

Bien commencer

Pour bien commencer l'année, je suis allée voir deux expositions très différentes, à chacune sa beauté. L'exposition Arman à Beaubourg, hélas terminée mais que je ne voulais pas louper pour pouvoir me confronter aux objets "en vrai" car une reproduction même de très bonne qualité et la présence réelle de l'objet artistique ne peuvent pas se comparer. Presque tous les rassemblements, accumulations et mises en boites d'Arman peuvent être considérés comme des vanités, titre d'ailleurs donné à une des œuvres ("Vanités" -1991-bronze- amas d'escarpins rongés de la série Atlantis). Presque tout est de l'ordre du vestige de quelque moderne Pompéi; le fauteuil  Louis xv carbonisé et ses miroitements sombres me font penser aux oiseaux mazoutés des  pétroliers échoués sur nos côtes, les escarpins pourraient venir du Titanic et de nombreuses pièces rappellent des catastrophes passées- les accumulations de dentiers, de masques à gaz... ou à venir. Les inclusions d'ordures provoquent des sensations marines d'algues brunes  et de varech flottant parmi les débris, le résineux et le noirâtre se mêlent à des nappes décomposées jaunâtres, une translucidité louche restitue une matière méconnaissable qui parle d'erreurs et d'abus à l'échelle planétaire. Cette archéologie du présent où s'accumulent les vestiges ne fait  pas une expo rigolote bien sur, mais elle ne manquait ni d'énergie, ni de vigueur critique et plastique.
Dans un tout autre genre, je suis allée voir la belle exposition de Miles Hyman à la Galerie des Arts Graphiques,4 rue Dante (75005 Paris, 14 Janvier/5 Février 2011). Son travail est reconnu depuis longtemps et il travaille pour la presse et l'édition de façon régulière et remarquée grâce à la qualité constante de son travail et un très beau sens de la composition et du cadrage.L'exposition met en scène de grands dessins en majorité en noir et blanc, réalisés pour le livre "Images interdites", dont le scénario est écrit par Paringaux et qui parait chez Casterman ; le livre navigue entre l'illustration et la bande dessinée sur le thème du polar. N'ayant pas lu le récit je ne peux rien dire du scénario mais je conseille fortement à tout amateur de beau dessin de faire un détour par la rue Dante pour y contempler ces somptueuses et tranquilles illustrations.

vendredi 14 janvier 2011

ma vision de 2011

Je propose de nous exercer à la revigorante activité du poussé de mur
de concert avec Zita la géante polymorphe car il me semble que cette activité, malgré son aspect légèrement absurde et semblant vouée à l'insuccès, ne peut cependant que profiter à chacun pour la bonne santé de sa musculature tout d'abord et ensuite en raison même de son caractère absurde car il convient de s'adapter à notre société du mieux possible et d'être toujours prêts à une réponse alerte et appropriée face aux défis que le monde nous impose. Ne croyez vous pas ?
Allez, courage !!!

Zita en force